TSMA : un maillon fort, fragilisé par des choix injustes (20 mai 2025)
400 € de mépris : une revalorisation dérisoire face à des responsabilités croissantes
La revalorisation annoncée pour les TSMA se chiffre pour la majeure partie à 400 € par an, soit environ 30 € brut par mois – et encore moins en net. C’est symbolique, décalé par rapport aux réalités du terrain, et surtout profondément injuste.
30 euros, c’est ce que vaudrait donc, aux yeux du MASA, la technicité, la disponibilité, l’autonomie, et l’exposition croissante des TSMA à des responsabilités. C’est le prix d’une expertise construite sur le terrain, jour après jour, souvent au prix de l’engagement personnel des agents.
C’est un signal catastrophique, et un véritable déni structurel de ce qu’est aujourd’hui le métier de TSMA.
Les agents mettent en jeu leurs responsabilités sur des dossiers sensibles, comme les alertes sanitaires, les crises agricoles, la protection animale ou la lutte contre la fraude. Ils sont juridiquement exposés, auditionnés, présents dans des comités de haut niveau. Ils délivrent des agréments, instruisent et octroient des aides, pilotent des dispositifs complexes. Et tout cela, dans un environnement où les contraintes ne cessent de s’accroître, sans accompagnement réel.
400 €, c’est non seulement indécent au regard des responsabilités, mais c’est aussi clivant : il installe une concurrence entre corps, alors qu’il faudrait construire une cohérence d’ensemble.
Aujourd’hui, les TSMA comme les autres corps de catégorie B et C contribuent très fortement à la revalorisation des autres.
Et si c’était les TSMA, désormais, qui devaient cesser de s’investir à hauteur de ce qu’ils valent ? Le MASA prend le risque de les pousser à assurer le service minimum, à se désengager, simplement pour s’aligner sur les 30 € par mois que le MASA leur concède.
Dialogue social au point mort : des revendications ignorées
Ce groupe de travail sur la revalorisation de l’IFSE aurait dû être l’occasion de construire collectivement une nouvelle étape. Il s’est transformé en exercice de passage en force.
Nos demandes étaient raisonnables, argumentées, étayées par des réalités de terrain. Elles ont été ignorées.
Nous avons proposé :
de valoriser les mobilités, comme cela existe dans d’autres ministères (le « ticket mobilité » du MTE en est un exemple concret) ;
de maintenir deux groupes de fonctions distincts dans la cartographie des TSMA (hors stagiaires), afin de préserver l’équilibre construit ensemble en 2020 ;
de prendre en compte la réalité de certaines fonctions spécifiques (coordination des contrôles, CRIC, contrôle des ressources génétiques forestières, personne ressource et assistant de prévention, entre autres…).
Aucune de ces propositions n’a été retenue dans le projet présenté, et vous parlez de dialogue social ? Pire, la cartographie actuelle introduit une complexification inutile, cassant la cohérence du corps TSMA au nom d’une harmonisation artificielle entre filières administratives et techniques.
La volonté affichée du MASA de « valoriser les parcours professionnels » ne trouve aucune traduction concrète dans ce projet de note de service. Le message envoyé est clair : le terrain n’est pas entendu.
Le résultat : une perte de confiance dans la capacité du ministère à reconnaître l’investissement réel de ses agents.
Une cartographie à revoir en profondeur : nos propositions concrètes
Si cette « revoyure » doit se faire « à la marge », alors nous sommes au rendez-vous. Voici des propositions ciblées, pragmatiques, pour corriger les effets les plus injustes du projet actuel :
Supprimer la mention restrictive « si encadrement d’au moins 3 emplois permanents » : elle exclut de nombreux chefs de pôle ou d’unité pourtant responsables dans des petites équipes, notamment en DDI.
Repositionner certaines fonctions en G1 : CRIC, contrôle des ressources génétiques forestières, coordination faune captive... Ces postes exigent un investissement technique et relationnel reconnu sur le terrain.
Clarifier la notion de "poste à enjeux" : une définition explicite, des exemples concrets, une transparence dans leur attribution au niveau local (présentation annuelle en CSA).
Prise en compte des agents affectés en DD(ec)PP ayant une partie de leur fiche de poste en tant qu’inspecteur en abattoir ;
Mieux distinguer les fonctions réellement exercées entre SA et TSMA : dans de nombreuses missions , forestière par exemple, seul les TSMA peuvent être commissionnés et assermentés afin de constater les non-conformités donnant lieu à des suites administratives et judiciaires. Les montants d’IFSE doivent refléter cette réalité.
Ne pas contingenter certaines fonctions transversales, comme celles d’assistant de prévention : leur présence multiple est souvent justifiée.
Supprimer la mention "cœur de métier", qui masque des réalités trop hétérogènes, et lui préférer « toutes les autres fonctions », plus factuelle.
Enfin, le calendrier précipité et la méthode employée interrogent : après plus d’un an de travail annoncé, il nous est demandé de réagir dans l’urgence à un projet finalisé, sans réelle prise en compte des échanges passés. Cela fragilise la légitimité de ce groupe de travail et crée un sentiment de défiance durable.
Conclusion : un tournant manqué, mais pas irrattrapable
Le MASA avait une opportunité rare de réconcilier le discours sur la technicité des TSMA avec des actes concrets. Il l’a, pour l’instant, manquée.
Mais tout n’est pas figé. À condition d’écouter les agents, de corriger les injustices évidentes, et de s’engager dans une vraie dynamique de reconnaissance, il est encore possible d’en faire un levier pour revaloriser les métiers techniques du ministère.
Les TSMA ne demandent pas la lune. Ils demandent la reconnaissance de ce qu’ils font déjà. Ni plus, ni moins.
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